L'orientation: l'importance du prestige

« Le moment où l’on perd les illusions, les passions de la jeunesse, laisse souvent des regrets ; mais quelquefois on hait le prestige qui nous a trompé. » [1]

Cette citation du journaliste et moraliste Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort montre bien que parfois le prestige est une source d’égarement. En matière d’orientation, il peut en aller de même. Ainsi, si l’on s’intéresse aux établissements d’enseignement supérieurs, il est intéressant de voir à quel point beaucoup d’étudiants s’orientent vers des métiers car ils sont considérés comme prestigieux. 

En guise d’exemple, peut être évoqué pour les écoles de commerce le cas du métier de consultant, de celui d’avocat d’affaires ou encore des postes dans le secteur de la finance.

A l’ENA, comme le montre l’auteur du livre Promotion Ubu roi[1], les élèves ne choisissent pas leur premier poste selon leurs aspirations ou leurs intérêts mais uniquement en fonction du prestige de ce dernier. Ainsi, opter, comme l’auteur du livre précité, pour un poste au Tribunal administratif de Montreuil alors que son classement lui permettait d’avoir accès à des positions professionnelles considérées comme plus prestigieuses, le fait passer, paradoxalement, pour un insensé. 

Paradoxalement car c’est précisément un choix basé non sur des motivations extrinsèques (le prestige, le regard des autres, etc.) mais sur une motivation intrinsèque, à savoir ce qui a du sens pour lui. 

Et si faire le choix de son orientation en fonction du critère du prestige ne revenait pas à remettre entre les mains de la société sa décision quant à l’activité profesionnelle exercée ? Autrement dit, est-ce qu’opter pour un métier en raison de son caractère prestigieux ne serait pas équivalent à vivre la vie professionnelle souhaitée par la société (et non celle qui nous correspond vraiment) ?

[1] Saby, Olivier. Promotion Ubu Roi: Mes 27 mois sur les bancs de l’ENA. Flamarion. 2012.