L'orientation: le poids du conformisme

« Comme l’individuation est une nécessité psychologique tout à fait inéluctable, le poids écrasant et tout-puissant du collectif, clairement discerné, nous fait mesurer l’attention toute particulière qu’il faut vouer à cette plante délicate nommée “individualité”, afin qu’elle ne soit pas totalement écrasée par lui » [1]

Cette citation montre bien que le collectif, le groupe peut parfois menacer le développement de l’individu. Ainsi, il arrive que ce dernier renonce à ses aspirations propres pour se conformer à un groupe afin de répondre à son besoin d’appartenance.  

La satisfaction de ce besoin est peut-être une source d’explication, parmi d’autres, du phénomène de reproduction sociale observable dans certaines familles. Ainsi, le fait pour un jeune, issu d’une famille de médecins, d’opter pour ce métier pourrait s’expliquer en partie par le besoin de ce jeune de se conformer à son groupe d’origine par crainte, fondée ou non, de s’en sentir exclu. 

Une expérience en sciences sociales, appelée expérience de Asch , du nom du psychologue qui en est à l’origine, illustre bien le poids du conformisme sur les individus. Cette expérience mettait en scène un groupe de six individus: cinq complices et un cobaye. Officiellement, l’objet des tests était d’évaluer la vision des candidats. Officieusement, il s’agissait de voir si le cobaye se rangerait du côté de la majorité lorsque cette dernière opterait pour une réponse fausse. Verdict: le cobaye se rangeait en effet du côté de la majorité.  

Dans le même sens, il me semble judicieux d’évoquer le cas d’une personne mentionnée pendant ma formation en Programmation Neuro-Linguistique (PNL). La personne en question ne parvenait pas à avancer dans l’écriture de son premier livre.  

Or, après quelques séances de coaching, la personne a pris conscience qu’écrire ce livre, puis le publier, reviendrait pour elle à agrandir le gouffre qui la séparait de sa famille. Ainsi, non seulement les membres de cette dernière ne savaient ni lire ni écrire mais en plus ils lui reprochaient déjà, en ayant effectué des études, d’avoir renié sa famille. 

Sa tendance à procrastiner s’expliquait partiellement par la crainte, en partie inconsciente, qu’en accédant, par la publication d’un livre, au statut d’auteur, sa famille le rejetterait encore davantage. 

Pour finir, prendre conscience que, comme l’indique le psychotérapeute Irvin Yalom [2], nous sommes tous tiraillé entre deux pôles opposés, à savoir l’expression de sa singularité et la fusion avec le groupe, peut permettre de faire un choix d’orientation plus libre.

[1] Jung, Carl. Dialectique du Moi et de l’inconscient. 1957.
[2] Yalom, Irvin. La méthode Schopenhauer. 2005.